
Analyse de l'icône de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen (1789)
La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen a été votée en 1789 par des députés qui étaient tous des hommes, et au seul bénéfice des hommes : elle ne s’appliquait ni aux femmes ni aux esclaves.
Éléments historiques
Le 27 août 1789, à Paris, l’Assemblée Nationale vota, en présence du roi, la Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen. Ce texte s’inspirait de la Déclaration des droits d’Angleterre (1689), de celle de l’État de Virginie (1776), ou encore de la Constitution de l’État du Massachusetts (1780). Les députés avaient prévu de compléter, après l’adoption de la Constitution, ce texte inachevé, provisoire et partiel, mais en furent empêchés par la chute de la monarchie constitutionnelle (1792). De nouveaux projets furent publiés : celui de Condorcet qui abolissait la prostitution (1793), puis une Déclaration jacobine (1793), enfin une Déclaration des droits et devoirs (1795). Néanmoins, c’est la Déclaration de 1789 qui resta dans les esprits, avec le tableau célèbre de Jean-Jacques-François Le Barbier, conservé au musée Carnavalet, à Paris.
Symboles
Le texte est représenté comme de modernes Tables de la Loi (rappel de la tradition juive selon laquelle Dieu aurait ainsi transmis à Moïse les Dix Commandements).
Sur fond de ciel, les Tables sont surmontées par un delta (triangle entouré de rayons solaires et portant au centre un œil) ; issu de la tradition judéo-chrétienne qui y voit l’œil de Dieu, ce symbole est utilisé dans l’iconographie de la franc- maçonnerie française qui se développe au 18e siècle, et il peut aussi signifier l’œil de la Raison.
Deux personnages féminins encadrent le texte. Celui de gauche symbolisait la monarchie française avec sa couronne et ses fleurs de lys, la chaîne brisée signifiant la libération accomplie par la monarchie devenue constitutionnelle.
À droite, la Liberté ou la Nation libérée est ailée. De son sceptre (symbole de pouvoir), dirigé vers le delta, et de son doigt, qui pointe vers la Déclaration, elle semble indiquer que les droits de l’homme seront respectés sous l’égide de la Raison.
Au centre, sous le titre, figure un ouroboros, figure représentant un serpent qui se mord la queue, symbole d'éternité.
Au-dessous, on peut voir le bonnet phrygien, symbole de liberté choisi par les révolutionnaires en lien avec le bonnet que les esclaves affranchis portaient à Rome, et la lance, c’est- à-dire la puissance militaire, entourée d’un faisceau représentant la force de l’unité. La guirlande de laurier qui orne le haut des tables est une image du pouvoir — la couronne de laurier était l’attribut des vainqueurs et des souverains —, et elle repose sur les nouveaux droits proclamés.
Alors que ce texte fondateur oubliait la moitié de l’humanité, Olympe de Gouges proposa en 1791 la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, qui fut refusée par la Convention ; elle avait écrit « La femme a le droit de monter à l’échafaud; elle doit avoir également celui de monter à la tribune » ; elle fut guillotinée en 1793.
